Lors de la traditionnelle présentation des voeux à la presse, NDA a appelé les Français au courage et à la lucidité.
VŒUX A LA PRESSE Mardi 12 janvier 2010 – Salons de la questure
Discours de Nicolas DUPONT-AIGNAN
Permettez-moi de vous souhaiter une bonne année 2010.
Une année qui sera celle de tous les dangers pour la simple raison que rien n’est vraiment fait au niveau mondial pour aller aux causes de la crise. Comme on pouvait le craindre, les politiques anticrise n’auront servi qu’à remettre en selle le capitalisme financier démentiel qui a mené au naufrage de 2008. En attendant, hélas, la crise suivante…
La zone euro et plus particulièrement les pays les plus fragiles seront à n’en pas douter, la variable d’ajustement de ces dérèglements économiques. Et la France continuera à payer un tribut exorbitant en termes de chômage et de perte de compétitivité à la grande chienlit européenne et mondiale.
Même si cela ne fera pas plaisir à nos amis allemands qui, eux, y trouvent leur compte, il faudra bien dire « stop » à un moment ou à un autre à ces grands pays émergents, notamment la Chine, qui déversent leurs produits chez nous, tout simplement parce que nous avons la faiblesse de maintenir toutes grandes ouvertes nos frontières à leur dumping économique, social et environnemental.
Depuis des années, nous ne cessons, les uns et les autres, de dénoncer les dérives de cette mondialisation déloyale, associée à une construction européenne suicidaire. Depuis des années nous ne cessons de proposer un projet alternatif tant au niveau national, qu’européen et mondial.
Souvent, certains observateurs s’interrogent.
Pourquoi avoir transformé Debout la République, club de réflexion, en parti politique indépendant ?
Comment allez-vous vous frayer un passage entre les deux mastodontes de la vie politique ?
Permettez-moi, en ce début d’année, de répondre à ces deux questions clés. Pourquoi et comment ?
Nous avons quitté l’UMP car nous ne pouvions pas être complices de cette espèce de non assistance à France en danger. Comme gaullistes nous ne pouvions pas être spectateurs du naufrage de notre pays. Nous ne pouvions cautionner l’impuissance publique.
Nous n’avons jamais été dupes de la fausse rupture sarkoziste. Une rupture en paroles mais pas en actions (à l’exception, pour le pire, de la politique étrangère).
La plupart des acteurs politiques, économiques, comme les observateurs, se refusent à voir les maux du pays, les souffrances de nos concitoyens, l’impasse fatale des orientations stratégiques, notamment européennes. Fausses polémiques et actualité dérisoire remplissent un vide sidéral.
Et pourtant les sujets ne manquent pas. Mais en parler remettrait en cause la pensée unique qui structure la petite oligarchie qui nous gouverne.
Les agriculteurs crèvent avec la pire année de leur histoire récente (chute de 34% de leur revenu), les exploitations ferment, certains paysans se suicident mais qui cela intéresse-t-il ?
Nos industries délocalisent à tour de bras. Les services (centre d’appels, etc.) s’y mettent aussi. Et ce n’est pas fini, avec l’entrée en application cette année de la fameuse directive Bolkestein qui va faire l’effet d’un véritable tremblement de terre ! 700 000 chômeurs de plus en 15 mois, mais on nous explique que nous avons beaucoup de chance et que le rebond est là.
Le gouvernement taille à la hache, en aveugle et en idéologue, dans les effectifs des services publics : les hôpitaux sont au seuil de la rupture, nos musées nationaux sont en grève, etc.
La violence dans nos banlieues monte d’un cran, la police et la gendarmerie en réduction d’effectif sans précédent sont découragés, les trafiquants de drogue tiennent les cités, mais là aussi on nous occupe avec d’autres sujets comme celui de la burqa dont l’importance est sans commune mesure avec le délitement progressif de la paix civile.
Cette stratégie d’évitement permanent, pour ne pas dire de diversion, ne pourra pas durer éternellement car en occultant les failles de notre pays on s’interdit de porter le juste diagnostic et, ce faisant, d’administrer le bon remède.
Jusqu’à maintenant l’explosion des dépenses publiques et de l’endettement (à cause de l’euro-morphine faut-il le rappeler ?) a permis de masquer les conséquences sociales désastreuses de l’effondrement de la compétitivité de nos entreprises, mais cela non plus ne pourra pas durer indéfiniment. Viendra un moment où la dureté des faits imposera, dans la violence hélas, le retour à la réalité. C’est pour éviter cela qu’il est plus qu’urgent de s’attaquer aux causes réelles et profondes des maux du pays.
Mais soyons clairs. Une alternance ne résoudrait rien. Revenir à un immobilisme tranquille pour prendre le contrepied du Président de la République que ferait que reporter l’échéance. Car que propose en réalité le PS, sinon la même chose que l’UMP, même s’il le fait à reculons ?
C’est pourquoi convaincu qu’il est possible d’aller aux racines du mal, nous portons un projet radicalement différent.
En vérité, thème par thème, il y a des solutions. Encore faudrait-il avoir le courage de les regarder en face, la volonté de les mettre en œuvre. Encore faudrait-il aussi s’en donner les moyens, c’est-à-dire reprendre en main notre destin au plan extérieur, en remettant l’Union européenne et l’OMC à leur place, au plan intérieur en cessant d’obéir aux groupes d’intérêts et aux féodalités qui, de tout temps et en tout lieu, redressent invariablement le tête lorsque la puissance publique déserte le combat pour l’intérêt général.
Pour maîtriser la délinquance, il faudrait enfin contrôler nos frontières, renforcer notre police, durcir notre politique pénale et donner de vrais moyens à la justice.
Pour redresser notre économie, il faudrait changer l’euro (passer de la monnaie unique à la monnaie commune), mettre en œuvre un protectionnisme européen, supprimer une partie des charges sociales par la TVA sociale, encadrer les banques.
Pour mieux préparer notre pays aux défis de l’avenir, il faudrait renouer avec l’école du mérite et de l’effort, augmenter l’effort de recherche, mettre en œuvre une politique industrielle.
Nous sommes les seuls dans le monde politique français à vouloir ainsi présenter un projet cohérent, global et durable. Un projet qui aille aux causes européennes et mondiales de la crise française, afin que les Français puissent, de leur côté, se retrousser valablement les manches et consentir les efforts nécessaires au redressement de leur pays.
Le 10 avril prochain, nous organiserons ainsi à Paris une convention sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Puis le 20 novembre, lors de notre 2ème congrès national, nous présenterons notre projet pour la France.
Mais, je sais, une seconde question vous occupe l’esprit.
Comment réussir sous la Vème République à faire émerger une nouvelle force politique ?
La tâche paraît-il est immense et pourtant souvenez-vous, il y a quelques années, qui imaginait que nous pourrions dépasser les 10 000 adhérents ?
En mai dernier des sondages bien inspirés nous donnaient 0,5% des voix, nous avons atteint les 2,5%. Ce n’est bien sûr pas assez. Nous devons franchir les 5% et nous imposer.
Nous saisissons toutes les échéances intermédiaires. Je pense bien sûr aux régionales notamment en Ile-de-France, en Lorraine, en Haute Normandie et dans d’autres régions où nous participons avec des listes indépendantes.
Je pense aux élections cantonales de mars 2011 où nous présenterons un candidat dans chaque canton renouvelable.
Nous portons un autre regard sur la vie politique, une autre vision de la France.
Je suis convaincu que le sursaut ne viendra pas de celles et ceux qui se résignent à cette oligarchie mondialiste, qui aiment la France couchée.
Nous savons le chemin difficile mais nous ne pouvons qu’emprunter celui là car c’est le seul qui réponde à l’intérêt de la France.
Alors oui, pour 2010 je forme je vœu que la France et les Français se ressaisissent, fassent preuve de courage et de lucidité en regardant en face les problèmes et en obligeant pied à pied ceux qui nous gouvernent à cesser l’illusionnisme et à se mettre, enfin, au travail.
Bonne année à toutes et à tous.